De quelques euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros, le prix des vins peut varier énormément. Il est parfois difficile de comprendre pourquoi de tels écarts existent.
Pouvant atteindre par exemple jusqu’à 19 000€ pour une bouteille du Domaine de la Romanée-Conti, on se rend compte que l’on se rapproche parfois plus du domaine du luxe ou de l’art.
Quels sont les facteurs qui influent sur le prix d’une bouteille ? Est-ce vraiment justifié ?
Wyno vous explique dans cet article les critères qui interviennent dans la formation du prix des vins, et vous verrez qu’il y en a plus d’un !
Avant de rentrer plus en détail, il est important de préciser que cette image de produit extrêmement prestigieux est en fait représentée par une petite poignée d’exploitations viticoles, qui bénéficient d’un statut et d’une image élitiste. Pourtant, ce n’est pas du tout la réalité pour la grande majorité des domaines et régions viticoles, qui sont contraints de vendre leurs vins sur une fourchette basse, généralement entre 5€ et 10€.
La notoriété du domaine et du vigneron
Les domaines et les vignerons les plus cotés et les plus connus peuvent se permettre de fixer un prix de vente élevé, en jouant sur leur notoriété et leur savoir-faire. Certains grands vignerons d’exception produisent des vins d’une grande précision, permettant de produire des cuvées d’une qualité constante et d’être considéré comme des valeurs sûres de leur région. On peut faire un parallèle avec l'achat d’un vêtement chez une marque réputée, on paye un prix élevé en partie parce que la marque bénéficie d’une image luxueuse et élitiste. On peut donner quelques exemples comme à Bordeaux avec certains grands crus classés : Château Cos d'Estournel, Château Latour, ou bien en Bourgogne avec le Domaine de la Romanée-Conti ou Henri Jayer.
Les rendements
Le rendement d’un vignoble s’exprime par le nombre d’hectolitres de vin produit sur un hectare de vigne. Si le rendement est faible, alors le prix du vin au litre se verra augmenter. Un faible rendement procure également une plus grosse concentration sur les raisins, ce qui est souvent gage de qualité. L’exemple parfait pour illustrer ce phénomène est le Sauternes, vin blanc liquoreux fabriqué à partir de raisin atteint de pourriture noble (appelé aussi Botrytis cinerea). Les grains de raisins sont minutieusement sélectionnés au moment des vendanges et donc le rendement par hectare est plus faible. Le domaine le plus emblématique du Sauternais est le Château d'Yquem, qui est seul à détenir le titre de Premier Cru classé Supérieur.
La rareté
Côté rareté, la Bourgogne est un très bon exemple puisque certaines cuvées ne sont produites qu’en infimes quantités sur des microparcelles de parfois moins d’un hectare. Un grand vin produit seulement à quelques centaines ou milliers de bouteilles attire sans surprise la convoitise d’amateurs de grands crus. De plus, le nombre de bouteilles produites, la qualité du vin, la réputation de la parcelle et le savoir-faire du vigneron mêlés à l’offre et la demande sont donc autant de facteurs qui peuvent justifier le prix de certains premiers crus et grands crus.
Il faut aussi noter qu’au fil des années, les bouteilles sont consommées et se font de plus en plus rares, et certains collectionneurs ou clients fortunés sont prêts à tout pour se procurer les dernières bouteilles disponibles des meilleurs millésimes.
La classification du vin
Certaines régions viticoles françaises disposent de leurs propres classements permettant d’établir des niveaux de qualité. Celui de Bourgogne s’appuie sur la qualité du terroir et des éléments géologiques alors qu’à Bordeaux, le classement de 1855 ou celui de Saint-Emilion hiérarchisent les meilleurs vins selon différents critères afin d’établir des niveaux de classement. Les domaines faisant partie de ces classements sont souvent historiques et très réputés partout dans le monde, représentant ce qu’il se fait de mieux dans leurs régions respectives. Synonymes de qualité et d’excellence donc, les vins les mieux classés justifient généralement des prix bien supérieurs à ceux pratiqués par les autres propriétés viticoles, situées plus bas où ne faisant pas partie de ces classements.
De même, les vins de France, les IGP, les AOC n’ont pas les mêmes cahiers des charges ni les mêmes contraintes d’élaboration. Un vin classé en IGP ou AOC devra répondre à des critères plus exigeants fixés par les appellations qui vont représenter parfois un coût de fabrication plus élevé que pour un vin de France, qui lui aura des contraintes plus souples. Il faut cependant ne pas faire de généralité car certains vignerons à la réputation bien établie s’éloignent volontairement des codes et des restrictions appellations, quitte à produire du Vin de France. Il se peut donc que certains de ces vins soient très qualitatifs et se vendent à des prix élevés, malgré l’image que l’on peut avoir de cette appellation.
Le millésime
C’est aussi un facteur déterminant car la qualité du raisin récolté varie chaque année, selon les conditions météo et les aléas climatiques, la qualité du vin qui en découle est aussi directement impactée. Certains millésimes ont un niveau de qualité beaucoup plus élevé que d’autres, et donc le prix des vins augmentent en conséquence. Les grands vins sur les grands millésimes sont généralement plus équilibrés et ont un potentiel de vieillissement plus important. Quelques excellents millésimes récents sur la zone de Bordeaux sont par exemple 2010, 2015, 2016, 2019 et 2020.
Les notes attribuées par les critiques
Les critiques de la sphère viticole influencent également les prix, et les vins ayant obtenu les meilleures notes auront souvent des prix supérieurs aux autres. Les critiques les plus influents tels que Robert Parker dictent en quelque sorte les prix du marché par les notes qui sont attribuées, et les domaines ne se privent pas de communiquer à ce sujet si les notes obtenues sont excellentes.
La zone de production
L’endroit où est produit le vin est forcément un facteur important dans le calcul du prix final car certaines régions bénéficient d’une notoriété et d’une image plus importante que d’autres, et peuvent se permettre de vendre leurs bouteilles plus cher. Plus précisément, cela dépend de la qualité du terroir, du prestige et de l’histoire de la région ou de la parcelle. La variation de prix de l’hectare peut varier énormément selon les vignobles, allant de quelques milliers d’euros à plus d’un million d’euros…
Les choix de récolte et de vinification
Les méthodes et techniques de fabrication et/ou du vieillissement du vin peuvent fortement influer sur le prix des vins. En effet, selon la méthode de production choisie, le coût de production pour le vigneron et les rendements peuvent connaître d’importantes variations. La façon dont est vendangé le raisin est un facteur important : si la vendange est manuelle, alors il faudra mobiliser une équipe et prévoir un budget de main-d'œuvre supplémentaire comparé à si la vendange est faite mécaniquement.
Autre exemple, si par exemple le vigneron choisit de changer chaque année tous les fûts de chêne de son chai de vieillissement, et bien cela aura forcément un coût non négligeable. Certains domaines viticoles font aussi le choix de ne commercialiser leurs vins qu’après plusieurs années, lorsqu’ils sont prêts à la dégustation. Cela implique d’avoir un espace suffisant et adapté pour stocker les vins en attendant de les mettre sur le marché.
Potentiel de garde du vin
Avec le temps, les vins évoluent et se bonifient, les tannins des vins rouges se fondent et l’acidité est moins présente, jusqu’à atteindre un équilibre parfait. Tout le monde n’a pas la patience ni l’espace pour stocker un vin pendant des années voire des décennies, et il n’est pas surprenant de devoir débourser une plus grande somme pour se procurer un vin à son apogée, prêt à la dégustation. Le potentiel de garde d’un vin varie notamment avec le type de cépage utilisé, la qualité du millésime, la puissance des arômes et des tanins, l’acidité ou encore la concentration. Cependant, il faut veiller à ce que les conditions de stockage soient adaptées au vieillissement du vin et il faut savoir que toutes les cuvées n’ont pas vocation à s’améliorer au fil des années.
Conclusion
Tous ces facteurs nous expliquent pourquoi le prix de ce produit si particulier peut connaître de telles variations. Le vin est un produit de consommation mondialement répandu, qui obéit à des contraintes de production bien établies, sur un marché très concurrentiel, où l’offre et la demande sont bien présentes. Tous les vignerons n’ont pas le même savoir-faire, le même terroir à disposition, et il n’est pas possible de reproduire le même vin d’une année à l’autre. Il existe donc un très large éventail de qualité, de styles, et de prix différents. Chaque vin est unique, et c’est ce qui rend ce produit si particulier.
Au-delà du produit marchand, et de simple consommation, le vin est également vu comme un objet culturel et parfois comme un produit de luxe et de convoitise, exactement comme peuvent l’être des bijoux, de l’art, des objets design, etc. La rareté et l’image d’un vin attirent les convoitises et peuvent faire très fortement augmenter le prix des vins.
