Guide : tout ce qu’il faut savoir sur le vin rouge

Merlot, Syrah, Grenache, Pinot Noir... Vous l'aurez compris en salivant devant les noms de ces cépages, nous allons parler ici de vin rouge.

Merlot, Syrah, Grenache, Pinot Noir... Vous l'aurez compris en salivant devant les noms de ces cépages, nous allons parler ici de vin rouge et uniquement de vin rouge. Ce délicieux nectar qui fait le renom des grandes régions viticoles de la France à l'international est en effet riche en mystères et en histoire(s). Pas évident d'être calé sur ce sujet aussi large que flou. C'est pourquoi, afin d'en savoir un maximum sur le vin rouge, ses cépages, son histoire, sa production et même ses grands noms incontournables. Retrouvez, ici, l'ensemble des réponses à vos questions dans notre guide dédié.

Un peu d'histoire

Le vin, quelle histoire... Il faut dire que cette boisson alcoolisée ne date pas d'hier et c'est peu de le dire. Si les premiers fossiles de vignes remontent à plus de 60 millions d'années, on estime que les premières traces liées à la viticulture datent, quant à elle, de 7000 av. J.-C.. D'ailleurs, si notre réputation viticole nous suit, ce n'est pourtant pas en France que ces découvertes ont été faites, mais en Géorgie sous forme de vigne à vin sauvage.

Le vin, sous la forme que nous le dégustons aujourd'hui, n'apparaît qu'au Moyen-Age. Avant cela, durant l'Antiquité, ce dernier était souvent coupé à l'eau et on y ajoutait des herbes et aromates, ce qui le rendait notamment très clair. Il prend donc un nouveau tournant à la fin du Xe siècle, principalement à Bordeaux qui survit hors de l'influence de l'Église et prend son envol vers la fin du XIIe siècle.

Avec les débuts de la colonisation, les Européens exportent les vignes au sein du monde. Les vins issus de ces déplacements porteront, par la suite, le terme de "vin du Nouveau Monde". On retrouve notamment les États-Unis, l'Australie, l'Argentine, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, l'Argentine, le Chili, le Canada ou encore la Chine, pour qui la culture de la vigne s'avère beaucoup plus récente et les techniques inspirées de l'Ancien Monde.

À la fin du XIXe siècle, la plus grande majorité du vignoble français a été dévastée, provoquant la perte de certains cépages ancestraux et une pénurie de vin. La cause ? Un puceron introduit accidentellement des États-Unis : le phylloxéra. L'utilisation de pesticides étant inefficace face à ce fléau, la seule solution pour en venir à bout a été d'importer des souches de vigne américaines, résistantes aux piqûres du puceron. À partir de ces souches, les vignerons ont pu réaliser des greffes de cépages européens les plus qualitatifs, permettant ainsi de reconstituer le vignoble français.

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Processus de vinification

De la vigne au verre en passant par la mise en bouteille, le vin rouge vit, au cours de son élaboration, de nombreuses étapes avant de devenir le précieux nectar alcoolisé dont nous aimons nous délecter. Revenons ensemble sur son processus de fabrication :

La vendange

La vendange est l'étape où le raisin est récolté. Selon la nature du vignoble et les choix du vigneron, les vendanges peuvent être manuelles, c'est-à-dire réalisées à la main ou au contraire à l'aide de machines, on parle alors de vendanges mécaniques.

Selon les années, le cépage planté et les conditions climatiques de la région, la période de vendange peut varier, mais en général, elle dure de 8 à 15 jours et s'étale de fin août à début octobre.

Les vins du Nouveau Monde qui sont situés dans l'hémisphère Sud ont quant à eux un cycle inversé, avec des vendanges se déroulant généralement en mars et avril.

Le viticulteur va choisir le moment de la vendange lorsque selon lui, l’équilibre entre l’acidité et le taux de sucre souhaité est atteint. En moyenne, on évalue le degré de maturité du raisin 100 jours après l'apparition de la première fleur.

Pour vous donner un ordre d'idée, 1kg de raisin récolté équivaut en moyenne à une bouteille de 75cl.

L'égrappage

L'égrappage, ou éraflage, consiste à séparer les baies de raisin de la partie végétale permettant de lier la grappe. Cette étape, non systématique, permet d'éviter un goût herbacé et amer que pourraient apporter les rafles bien que certains vignerons les gardent, estimant que celles qui apportent fraîcheur, tannins et complexité au vin. En résumé, l'égrappage permet d'obtenir des vins plus fruités, ronds et accessibles.

Le foulage

Historiquement réalisée à l'aide des pieds, cette étape consiste à placer le raisin dans une cuve et de l'éclater pour en libérer son jus. De nos jours, le foulage est généralement réalisé mécaniquement, permettant plus de précision et d'homogénéité afin de ne pas meurtrir les baies.

La cuvaison

  • Une fois le foulage réalisé, le jus est stocké dans des cuves (Inox, béton ou foudre de chêne) pour le processus de macération durant une période de 2 à 3 semaines. Lors de cette étape, les parties solides (pellicules, pépins et pulpes) remontent à la surface et créent une couche appelée « marc » ou « chapeau de marc ». Ces parties solides, notamment les pépins et les pellicules apportent les tannins et également certains arômes.
  • C’est durant la cuvaison et la période de macération que la fermentation alcoolique a lieu. Par action de levures, naturellement présentes ou ajoutées manuellement, tout le sucre présent dans le moût est transformé en alcool. Ce processus chimique est réalisé à une température allant de 25°C à 30°C, température recommandée à laquelle les levures sont pleinement actives. En effet, à une température inférieure à 10°C, les levures risqueraient de ne pas s'activer alors qu’à une température supérieure à 45°C, celles-ci mouraient, arrêtant la fermentation et empêchant la totale transformation du sucre en alcool.
  • Durant la macération, le viticulteur réalise ce qu’on appelle le « pigeage », ou « remontage ». Cela consiste à mélanger et replonger le marc dans le moût de raisin en fermentation afin d’en extraire les tannins, la couleur et également certains arômes présents dans le marc. La fréquence de cette étape varie selon l’intensité tannique et aromatique désirée.

Le décuvage et le pressurage

À la fin de la macération, le jus est récupéré par le bas de la cuve afin de ne garder dans la cuve que les éléments solides du marc. Ce premier vin extrait est appelé "vin de goutte".

Ensuite, le marc présent dans la cuve, qui contient encore du jus, est pressé afin d'extraire ce que l'on appelle "vin de presse". Ce dernier contient davantage de tannins et de couleur que le vin de goutte.

Le vin de presse peut être assemblé au vin de goutte, en proportion variable, avant la période l'élevage selon la structure du vin désiré.

L'élevage et la fermentation malolactique

Une fois le pressurage terminé, le vin rouge obtenu est placé en cuve inox ou en fûts de chêne afin de se stabiliser et d'arriver à une certaine maturité. Cette étape s'appelle l'élevage et peut s'étendre sur une période allant de quelques semaines à plusieurs années.

Lorsque le vin rouge est élevé en fûts de chêne, il s'imprègne du bois présent dans les barriques et développe de nouveaux arômes. Selon l'ancienneté du bois, du degré de chauffe du fût et de la durée de l'élevage, l'intensité aromatique procurée par le bois sera plus ou moins forte. Cette étape est primordiale pour les vins de garde afin d'ajouter suffisamment de structure et de complexité aromatique à un vin voué à vieillir plusieurs décennies avant d'être dégusté à son plein potentiel.

Simultanément, une seconde fermentation a lieu : la fermentation malolactique. Provoqué par des micro-organismes, l'acide malique présent dans le vin est transformé en acide lactique. Cette deuxième fermentation permet d'assouplir le vin, jusqu'alors acide puis de le stabiliser.

Le soutirage

Les deux fermentations alors réalisées, c'est au tour du soutirage de faire son oeuvre. Cette étape permet de séparer les levures mortes et autres dépôts tombés au fond de la cuve ou du fût. Il est également possible d'assembler de différents cépages lors du soutirage et de rajouter du soufre pour stabiliser le vin. Le soufre, ou sulfite, joue un rôle antibactérien et antioxydant qui permet de stabiliser et de le protéger le vin.

Le collage et la filtration

Afin d'obtenir un vin plus limpide, des étapes comme le collage et la filtration peuvent être opérées. Le collage consiste à ajouter différents produits coagulants, comme du blanc d'oeuf par exemple en fin d'élevage afin de clarifier le vin.

L'embouteillage

Une fois toutes ces étapes effectuées, le vin est -ENFIN- mis en bouteille puis fermé à l'aide d'un bouchon et d'une capsule d'avant d'être étiqueté. Certains producteurs font le choix de laisser le vin vieillir encore quelque temps avant de le commercialiser. C'est le cas notamment avec le domaine Peyre Rose, situé dans le Languedoc, qui opte pour période de cuvaison et d'élevage en bouteille très longue, pouvant durer jusqu'à 10 ans !

À l'inverse, certains vins rouges comme les Beaujolais Nouveaux sont mis en bouteille et commercialisés seulement deux mois après les vendanges, dont la période de macération ne dépasse pas dix jours.

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Profils aromatiques

Nous avons la chance d'avoir en France une très grande diversité de vins. Cette variété peut être expliquée par le fait qu'il existe de nombreuses régions viticoles au climat et au terroir bien différents, mais également, car les viticulteurs ont une multitude de cépages à disposition. Les cépages, qui sont en fait les variétés des raisins, vont apporter des arômes et saveurs très différentes aux vins et vont permettre cette diversification des styles de vins que nous avons en France : vins légers, fruités, puissants, tanniques, etc.

Comme tous les fruits, le profil aromatique du cépage va changer en fonction du terroir, c'est-à-dire en fonction de la composition du sol et du climat sur lequel il se trouve. Ceux plantés dans des régions plus fraîches auront une maturité moins importante que ceux situés sur des vignobles plus ensoleillés et chauds. Un cépage planté dans une région chaude aura tendance à avoir des notes de fruits très mûrs, voire confits, et un degré d'alcool plus important que s'il avait été planté dans une région fraîche, où il aurait notamment développé davantage d'acidité.

Les cépages que l'on trouve en France, et plus particulièrement ceux utilisés pour les vins rouges, n'ont rien à envier au reste du monde. En effet, ces derniers ont été exportés à de nombreuses reprises et sont désormais plantés aux 4 coins du monde, notamment au sein des pays producteurs de vin du Nouveau Monde (USA, Australie, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Argentine, etc.).

Les grands cépages rouges

Derrière chaque vin rouge se cache un (ou plusieurs) cépage-s. Ces variétés de vignes avoisinant le nombre de 200 à l'échelle mondiale, confèrent des caractéristiques différentes en fonction des régions, aux terres et aux températures. En France, on estime que 8 principaux cépages font et façonnent les vins rouges français et notamment ceux de Bordeaux, de Bourgogne et de Côte-du-Rhône. Bien que ces derniers puissent être les mêmes d'une région à l'autre, le vin obtenu sera sensiblement différent en raison du climat, de la richesse des terres ou encore de l'ensoleillement. Ceci étant dit, revenons ensemble sur leurs caractéristiques.

Le Merlot

Tout particulièrement présent sur la rive droite du Bordelais, notamment dans les Saint-Émilion et Pomerol, le Merlotest le principal cépage utilisé pour le vin rouge. Il donne des grappes et des baies de taille moyenne et des vins structurés que l'on recommande de déguster jeune. Sa robe très dense presque noire est proche de celles des vins issus de Cabernet-Sauvignon. Ses arômes, en revanche, sont plus fruités (fraise, fruits noirs, violettes). En bouche, il est rond et suave.

Régions de prédilection : Bordeaux, Pomerol, Saint-Émilion, Mendoza (Argentine), Afrique du Sud, Central Valley (Chili).

Le Cabernet Sauvignon

Très présent sur la région bordelaise, le cépage Cabernet Sauvignon est également l'un des plus répandus en France. Il tire son nom de son origine, qui est le résultat d'un heureux mélange entre le Cabernet Franc et le Sauvignon Blanc. Le Cabernet Sauvignon est d'ailleurs à l'origine de certains des plus grands vins de Bordeaux. Il est d'ailleurs très apprécié, car il résiste facilement aux pourritures, au gel et est facile à cultiver. Il donne des grappes moyennes plus longues que larges avec des baies de taille petite à moyenne, assez serrées. Il découle sur des vins à la robe violacée, foncée et aux arômes de cassis, de cèdre et de mûres, denses et structurés avec un tannin très présent. En bouche on retrouve les notes de fruits noirs et les vins sont généralement assez austères.

Régions de prédilection : Bordeaux, Sud-Ouest, Piémont (Italie), Napa Valley (USA), Mendoza (Argentine), Stellenbosch (Afrique du Sud).

Le Cabernet Franc

Utilisé principalement dans la région du Bordeaux, le cépage Cabernet Franc est principalement utilisé en assemblage du Merlot et du Cabernet Sauvignon. Le meilleur exemple reste celui du château Cheval Blanc, constitué à 60% de Cabernet Franc. Toutefois, on le retrouve aussi dans la Vallée de la Loire et le Languedoc-Roussillon où il s'exprime en monocépage et offre le meilleur rendement, pouvant atteindre 80 hectolitres à l'hectare. Il est reconnaissable à ses grappes de taille moyenne avec des baies de petite taille. Côté vin, la robe est moins foncée que celle du Cabernet Sauvignon, rouge moyen. En bouche, on retrouve des arômes d'épices et de fruits rouges. En assemblage avec le Merlot et le Cabernet Sauvignon, il confère des vins complexes qui peuvent facilement devenir des vins de longue garde.

Régions de prédilection : Bordeaux, Vallée de la Loire, Languedoc-Roussillon, Italie (Frioul), Nouvelle-Zélande, États-Unis, Espagne, Hongrie.

Le Malbec

Le Malbec est l'un des 6 cépages autorisés dans la région de Bordeaux, notamment pour les assemblages (mix de plusieurs cépages). On le trouve principalement dans la région du Cahors, dans le Sud-Ouest de la France, mais aussi en Argentine. Il donne des grappes de taille moyenne et de forme pyramidale. Il en découle des vins à la robe sombre, presque noire et en bouche, ses arômes sont tanniques et tirent sur les fruits noirs sauvages.

Régions de prédilection : Cahors (Sud-Ouest), Argentine, Chili, Californie (USA).

Le Gamay

Le Gamay est un cépage que l'on retrouve principalement dans le Beaujolais. Il donne des grappes généreuses avec des baies petites et compactes. Les vins, tels que le Beaujolais Nouveau, les Crus du Beaujolais ou le Beaujolais Village ont une robe rouge rubis en raison de la jeunesse du vin, avec des reflets violacés. En bouche, il offre des arômes fruités et frais de fraise et de framboise par exemple.

Régions de prédilection : Beaujolais, Bourgogne Passe-Tout-Grains, Savoie, Val d’Aoste (Italie), Suisse, Espagne.

Le Pinot Noir

Le cépage du Pinot Noir trouve, en les terres de Bourgogne, un épanouissement tout particulier. On le retrouve dans les vins de Bourgogne les plus réputés du monde comme la Romanée-Conti, Vosne-Romanée, les Nuits-Saint-Georges, les Côtes de Beaune, entre autres, mais aussi en Nouvelle-Zélande. Si ce cépage peut se vanter d'être à l'origine de grands noms, il reste en revanche très capricieux et difficile à cultiver et vinifier. Ses grappes sont de petite taille, tout comme les baies du raisin. Sa robe est rouge, plutôt claire, brillante. Au nez, on retrouve les arômes de fruits rouges, de cuir et de tabac et en bouche, le vin peut être acidulé avec des notes de cerise.

Régions de prédilection : Gevrey-Chambertin (Bourgogne), Nuits-Saint-Georges (Bourgogne), Baden (Allemagne), Marlborough (Nouvelle-Zélande), Sonoma (USA), Casablanca (Chili), Walker Bay (Afrique du Sud).

Le Grenache

Le cépage Grenache est typique et emblématique des vins de la Vallée du Rhône, notamment du Châteauneuf-du-Pape. Il est d'ailleurs fréquemment assemblé à d'autres cépages, mais est systématiquement présent dans les vins AOC de la région. On le retrouve aussi dans certains vins du Languedoc-Roussillon ou de Provence. Il se caractérise par des grappes moyennes à grosses dotées de baies moyennes. Sa robe est grenat et tire vers l'acajou lorsque le vin prend de l'âge. En bouche, il offre des vins charnus, charismatiques, riches en alcool aux arômes de fruits rouges écrasés, d'épices ou encore de chocolat.

Régions de prédilection : Châteauneuf-du-Pape (Rhône Méridional), Languedoc-Roussillon, Provence, Navarre (Espagne), Rioja (Espagne), Californie (USA).

La Syrah

La Syrah est un cépage très ancien qui a longtemps été mis de côté en raison de son faible rendement. Elle s'étend aujourd'hui de la Vallée du Rhône à la Provence, en passant par le Languedoc-Roussillon. Toutefois, il est le cépage unique des vins issus de la région de l'Hermitage (Crozes, Côte Rotie, Saint-Joseph...). On le reconnaît à ses petites grappes charnues et ses petites baies. Sa robe est noir violacé et tire vers l’orange en vieillissant. En bouche, la Syrah se démarque par ses arômes de fruits noirs, d'épices et à son parfum de violette.

Régions de prédilection : Côte Rôtie (Rhône Septentrional), Vallée du Rhône, Languedoc-Roussillon, Hunter Valley (Australie), McLaren Vale (Australie), Barossa Valley (Australie), Afrique du Sud.

L'art de l'assemblage

Avec tous ces cépages à disposition, l'œnologue peut décider de réaliser un assemblage d'un ou plusieurs cépages pour obtenir le style souhaité ou de n'en utiliser qu'un seul. Dans ce dernier cas, on parle de monocépage. L'assemblage permettra d'obtenir des vins plus complexes que les vins en monocépage puisque les propriétés organoleptiques* des cépages viendront s'ajouter les unes aux autres afin d'arriver à un équilibre d'arômes et de saveurs. Par exemple, les vins de l'appellation Châteauneuf-du-Pape peuvent utiliser jusqu'à 13 cépages différents autorisés par l'AOC.

Partout dans le monde, on peut retrouver certains assemblages types inspirés des vins français avec notamment l'assemblage bordelais (Cabernet Franc/Cabernet Sauvignon/Merlot associé à du Malbec et du Petit Verdot) et celui du Rhône "Blend" (Syrah, Grenache, Mourvèdre).

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Arômes et vieillissement

Tous les vins rouges n'ont pas vocation à vieillir longtemps avant d'être consommés. La plupart des vins sont à boire sur 3 à 5 ans alors que certains, considérés comme des vins de garde de par leur acidité, leur forte concentration aromatique et la présence importante de tannins, peuvent atteindre leur apogée plusieurs décennies après leur date de mise en bouteilles. Certains très grands vins sur de bons millésimes peuvent même être dégustés après plus de 60 ans !

Au fil du temps les tannins présents vont se fondre et l'acidité va s'atténuer afin d'atteindre une structure plus légère, harmonieuse et équilibrée. La couleur du vin aura également tendance à s'estomper avec les années, perdant en opacité et se dirigeant vers des teintes plus claires comme le rouge brique, légèrement plus orangé.

Un autre intérêt du vieillissement est qu'avec l'âge de nouveaux arômes, appelés arômes tertiaires, vont se dévoiler et vont venir magnifier le vin. Selon les cépages, on peut retrouver notamment des notes de tabac séché, de sous-bois ou encore d'épices comme le clou de girofle.

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Quelques vins emblématiques

En matière de vins et de belles cuvées, certains domaines français rayonnent davantage. Fortes de leur héritage, leur histoire ou encore leurs arômes, de belles Maisons voient leur nom retentir au sein du domaine viticole comme de grands incontournables, souvent aussi, synonymes de luxe. Et si on prenait le temps de faire un petit stop sur ces quelques vins rouges de Bordeaux et vins rouges de Bourgogne, qui s'avèrent être incontournables et emblématiques ? Attention, la liste est non-exhaustive.

Château Margaux (Margaux)

Évidemment, le nom du Château Margaux n'est plus à présenter et trouve écho autant chez les amateurs que les grands connaisseurs. Pour autant, peu connaissent véritablement l'ampleur de ce domaine né il y a 5 siècles déjà. Niché sur les plaines médocaines, le Château tient notamment son nom de sa petite altitude. Racheté en 1977 par André Mentzelopoulos, c'est sa fille Corinne Mentzelopoulos, qui tient aujourd'hui les rênes avec l'ambition d'en faire un domaine toujours plus régulier et de prôner l'excellence.

Sur 265 hectares bordelais, 78 sont dédiés à la vigne en Cabernet Sauvignon, Merlot, Cabernet Franc, Petit Verdot et Sauvignon Blanc, qui sont situées en AOC Margaux. Le Château est classé Premier Grand Cru Classé lors de la seconde Exposition universelle de 1855 (sous l'impulsion de Napoléon) et peut même se vanter d'être le premier à avoir obtenu la note de vingt sur vingt. Le prix des bouteilles peut atteindre plusieurs milliers d'euros et les millésimes 2005, 2009 et 2010 se démarquent fortement des autres.

Petrus (Pomerol)

Bien que l'on soit habitués à cela, Petrus n'est en réalité pas un château à proprement parler, mais un vin d'AOC situé dans la région de Pomerol et tire son nom du lieu-dit au sein duquel sont installées les terres viticoles. Bien que la région Pomerol ne fasse pas partie de la classification officielle des vins de Bordeaux, Petrus reste tout de même considéré comme l'un des meilleurs vins de Bordeaux. Ses bouteilles sont vendues entre 600 et 15 000 euros en fonction des millésimes. Certaines bouteilles ont d'ailleurs, déjà dépassé ces prix. Depuis 2001, le domaine est détenu par la famille Moueix et est dirigé par le fils du propriétaire, Jean Moueix. En 2018, 20% du capital sont vendus à un milliardaire colombien.

Petrus est constitué en 100% Merlot depuis 2010, avec des vignes d'une moyenne d'âge de 40 ans. On estime qu'il produit 30 000 bouteilles par an et a fait le choix de continuer la vendange à la main avec une vinification dans des cuves en ciment. Pour la petite histoire, Petrus était le vin favori de la famille Kennedy.

Cheval Blanc (Saint-Emilion)

Situé sur les plaines de Saint-Émilion, en Gironde, le Château Cheval Blanc fait également partie des vins les plus cotés et connus. En AOC Saint-Émilion Grand Cru, le château est classé Premier Grand Cru Classé A lors des derniers classements de 2012. Détenu depuis plus de 150 ans par la famille Fourcaud-Laussac, le domaine sera racheté en 1998 par Albert Frère et Bernard Arnault, PDG de LVMH. D'ailleurs, le domaine inspirera le nom de la chaine d'hôtel luxe Cheval Blanc lancé par ce dernier en 2012.

Côté cépages, le Cheval Blanc est planté en vignes à hauteur de 52% de cabernet franc, 43% de merlot et 5% de cabernet sauvignon. On estime à 150 000 le nombre de bouteilles de Cheval Blanc produites chaque année, sans compter la production du second vin "Petit Cheval" et d'un troisième vin confidentiel, peu connu du grand public. En 2010, une bouteille de Château Cheval Blanc 1947 sera vendue aux enchères chez Christie's pour un record de prix de 305 375 dollars.

Château Lagrange (Saint-Julien)

Classé seulement Troisième Grand Cru au Classement de 1855, les vins du Château Lagrange ont acquis une grande notoriété dans le domaine viticole. Le château jouit d'un domaine de 157 hectares situés à Saint-Julien Beychevelle dans le Médoc, en Gironde. Depuis 1983, le domaine est détenu par le groupe Suntory et est poussé à l'excellence par le duo Matthieu Bordes et Keiichi Shiina. Depuis quelques années et avec l'arrivée de ce tandem, le Château Lagrange s'efforce de faire du respect de l'environnement sa priorité, notamment en réduisant son empreinte écologique de propreté, et ce, toujours avec l'idée d'une viticulture sur-mesure.

Sur les 157 hectares du domaine, 118 sont plantés en vignes dont 11 sont dédiés au vin blanc. Côté cépage, on retrouve 67% de cabernet sauvignon, 28% de merlot et 5% de petit-verdot, typique de la région bordelaise, mais rarement utilisé à 100%. Datées de plus de 40 ans en moyenne, certaines vignes peuvent même se vanter d'avoir vu le jour en 1952. Contrairement aux Crus évoqués plus haut, les bouteilles de Lagrange sont beaucoup plus accessibles et leur tarif débute dès 25 euros.

Romanée-Conti (Bourgogne)

Le vin Romanée-Conti est protégé par une AOC et est produit à Vosne-Romanée en Côte d'Or. Il est classé dans les Grands Crus de Bourgogne, à ne pas confondre avec le classement des vins de Bordeaux, propre à la région. Romanée-Conti est situé sur l'une des subdivisions Côte de Nuits, des vignobles de Bourgogne, d'ailleurs inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. Reconnu comme l'un des vins les plus chers au monde, il faut dire que le Grand-Cru ne couvre qu'une toute petite surface de 1,77 hectare et sa production n'est estimée qu'à 5500 bouteilles par an. Un rendement minime comparé aux vins de Bordeaux qui en font un nectar rare, délicieux et convoité au doux parfum de rose fanée. Le domaine de la Romanée-Conti est planté uniquement en Pinot Noir.

Gérant de la Romanée-Conti, Aubert de Villaine s'efforce à préserver et protéger son vin afin que celui-ci ne devienne pas un objet marketing de spéculation. La production s'élevant entre 4000 et 6000 bouteilles, ce dernier met un point d'honneur à surveiller chaque sortie de bouteille. D'ailleurs, tout le monde ne peut pas acheter la Romanée-Conti puisque seuls les accrédités et les reconnus pour leur savoir-boire peuvent se permettre d'acheter la caisse de douze bouteilles panachées. D'ailleurs, en plus de la facture, un contrat est signé, incitant, entre autres, les sommeliers à détruire les bouteilles une fois terminées afin d'éviter les contrefaçons.

Domaine Henri Jayer (Bourgogne)

Dans le milieu très fermé du vin, le nom d'Henri Jayer, décédé en 2006, résonne comme un incontournable. De ce domaine, situé sur les terres de Vosnes-Romanée en Côte d'Or, trois grandes appellations ressortent principalement comme Echézeaux, les parcelles Les Beaumonts et Cros Parantoux. Si ces noms sont aussi célèbres, c'est aussi parce que certaines de ces bouteilles ont vu leur côte s'envoler, allant jusqu'à dépasser celle de la Romanée-Conti. Cette réputation de "maître du Pinot Noir" tient aussi son origine en les innovations et les méthodes de travail utilisées par Henri Jayer au sein de son domaine, dont l'éraflage, qui confère au vin son goût si pur et exceptionnel.

Les parcelles de ce domaine sont également minimes comparées à celles que l'on trouve, par exemple, du côté de Bordeaux. Ici, on vendange sur seulement 9,3ha plantés en vignes de Pinot Noir. Chaque année, seules 3500 bouteilles prennent le chemin de la commercialisation, ce qui est très peu. En 2018, les filles du producteur avaient mis en vente aux enchères 1 064 bouteilles et magnums issus directement de la cave du domaine pour un total astronomique de près de 30 millions d'euros. Un record.

Le Clos de Vougeot (Bourgogne)

L'histoire du Clos de Vougeot ne date pas d'hier puisqu’elle nait en 1098 avec les moines de Cîteaux. Située sur la commune du Vougeot, en Côte de Nuits en Bourgogne, l'appellation du Clos de Vougeot jouit d'une cinquantaine d'hectares à disposition dont les producteurs les plus reconnus sont Méo Camuzet, Anne Gros et René Engel, pour ne citer qu'eux. Plantés en 100% Pinot Noir, propre à la région du Bourgogne, les vins de l'AOC Clos de Vougeot s'épanouissent sur des sols de calcaire et de graviers sur les hauts domaines et de calcaire et d'argile sur le bas domaine, qui est lui, moins optimal pour le cépage.

Classé Grand Cru en Côte de Nuits, les vins de l'appellation sont reconnaissables à leur puissance et leur robustesse. En bouche, ils laissent s'échapper des notes de fruits noirs, de réglisse et de menthe. À ce jour, les bouteilles coûtent en moyenne, une centaine d'euros.