Un millésime correspond tout simplement à l’année de vendange du raisin. Alors, quand on parle de bon millésime, on parle aussi, par procuration, de bon raisin. En bref, tout est question de climats, d’ensoleillement, de pluie, de sécheresse, de situation géographique, ou encore de la date de début des vendanges… Tant de critères qui entrent en compte pour mettre au point la cuvée millésimée qui restera gravée dans les mémoires.
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Quels facteurs impactent le millésime ?
Le vigneron le sait : son excellent travail ne suffit pas à lui certifier un bon millésime. Malheureusement pour lui, la grande décisionnaire reste celle qui fait la pluie et le beau temps sur les vignes : Dame Nature.

Pour obtenir une cuvée que l’on considérera comme un excellent millésime, plusieurs critères entrent en jeu. On parle notamment du climat et/ou du type de sol (rétention d'eau et chaleur au sol différente selon le terroir). Ce sont ces derniers qui confèrent justement l’équilibre entre la maturité et l’acidité du vin. Le soleil est aussi un grand maître quand il s’agit de faire mûrir le raisin. L’ensoleillement a donc son rôle à jouer dans l’élaboration de la cuvée et diffère selon les régions où les climats ou microclimats ne se ressemblent pas.
Néanmoins, le terroir et le climat ne font pas tout. Le savoir-faire du vigneron peut aussi avoir un impact sur la qualité d'une bouteille de vin. Les décisions prises lors de la taille ou de l'effeuillage doivent être adaptées au cépage et au terroir où les vignes sont situées. La date de la vendange est aussi primordiale pour obtenir le bon équilibre entre maturité et acidité des raisins.
Les choix pris lors de la vinification auront eux aussi un impact sur la qualité du vin. La macération, les conduites de fermentations (durée, température, etc.), la fréquence des remuages, le type d’élevage ou encore l’assemblage des cépages doivent être maîtrisés lors de l’élaboration d’un vin.
La recette idéale pour un bon millésime ?
On peut dire qu’il existe une recette idéale. En bref, le printemps est humide, mais pas trop, histoire d’irriguer les ceps, mais ne pas les noyer non plus. En été, les vignes aiment s’épanouir dans un climat chaud et sec, mais pas trop non plus afin de ne pas assécher le raisin. Un ensoleillement insuffisant entraînerait une trop grande acidité des baies alors qu’une période de canicule aura tendance à donner des raisins trop sucrés . En automne, on retrouve un climat humide, tout en restant assez sec afin que le résultat de la récolte ne soit pas dilué.
Les conditions climatiques varient d’une année à l’autre et certains épisodes météorologiques peuvent avoir davantage de répercussions que d’autres. Par exemple, une sécheresse trop prolongée peut provoquer un stress hydrique qui entraînera un blocage de la maturité. Au contraire, une humidité trop importante jusqu’à la véraison peut participer au développement de maladies de la vigne pouvant entraîner une perte des récoltes.
Bon ou mauvais millésime, comment le savoir ?
On confond souvent une bonne année et un bon millésime. Dans le jargon du vigneron, le premier n’a pourtant pas la même signification que le second. Depuis quelques années, on préfère d’ailleurs utiliser le terme d’années faciles ou d’années difficiles pour parler de bonnes ou de mauvaises années. Dans cette logique, certaines questions peuvent se poser : les maladies de la vigne ont-elles été fréquentes ? Des gels ou la grêle ont-ils dévasté les vignes ? Y a-t-il eu un surcroît de travail de la part du vigneron ?
Si au terme de l’année, la récolte s’est avérée bonne, cela peut ne pas se reproduire sur les futurs millésimes des vins. De nos jours, peu importe la région, il devient impossible de reproduire le même vin que les années précédentes. On parle alors de “l’effet millésime”.
On qualifie une année de “bon millésime” lorsqu’un équilibre entre concentration, acidité et alcool est atteint. Le vin pourra développer correctement ses arômes au cours de sa vie et disposera d’une concentration suffisante pour s’embellir au fil des années. Les vins issus d’un bon millésime auront tendance à mieux vieillir et plus longtemps alors que les vins produits sur un “mauvais millésime” auront du mal à exprimer pleinement leurs arômes. Il se peut que le vin perde en puissance plus rapidement ou qu’une acidité inadaptée vienne altérer le potentiel et l'équilibre gustatif recherché par le vigneron.
Au final, un bon millésime aura une influence sur le nombre de bouteilles produites, sur le potentiel de garde et également sur les qualités organoleptiques du vin. Tous ces facteurs auront un impact direct sur le prix du vin, et les bouteilles issues de bons millésimes se vendront plus cher que celles produites sur les années difficiles.
Une dégustation verticale pour en tirer profit
Quand on ne sait pas quel millésime choisir, le mieux reste encore de goûter et de comparer à l’aide d’une dégustation verticale. La dégustation verticale permet de se rendre compte de “l’effet millésime” sur les différentes années de production, tout en gardant le même AOC, le même domaine et la même cuvée. Généralement, on conseille de commencer par le plus jeune pour aller vers le plus ancien.
Ce type de dégustation demande de faire appel aux 5 sens pour pouvoir en ressentir toutes les tonalités, les arômes et les différences gustatives d’une année à l’autre. Une dégustation verticale permet de se rendre compte de la qualité du millésime et de son impact sur les propriétés gustatives d’un même vin tout en comparant sa structure pour définir le potentiel de garde restant.

Big data et prédiction du millésime
Il est maintenant possible de prédire la qualité d’un millésime grâce au Big Data et aux traitements des données. En récupérant certaines variables climatiques année après année, on peut désormais évaluer l’impact de l’ensoleillement, de la pluie ou encore de la température et prédire la qualité d’un millésime.
En étudiant la relation des données météorologiques aux prix de sortie des vins de Bordeaux en primeurs, l'économiste américain Orley Ashenfelter a développé un algorithme permettant de déterminer la qualité d’un millésime sans même avoir besoin de le goûter.
Déguster en primeurs est un exercice difficile, car les vins sont très jeunes et encore en barriques, il est alors difficile de juger si le vin sera qualitatif. Pourtant, le pouvoir des critiques influence les acheteurs du monde entier. Pour lui, analyser les variables sur l’année est suffisant et cela n’a pas plu à certains critiques de renoms. D’ailleurs, une controverse est apparue lorsque l’économiste américain a reproché à Robert Parker d’avoir mal évalué la qualité de certains millésimes.
Au fil du temps, les notes des critiques se sont rapprochées des analyses d’Orley Ashenfelter ce qui prouve que son analyse peut être prise sérieusement en considération avant même que le raisin ne soit vendangé.
Qu’en est-il du millésime 2020 ?
L’année 2020 n’aura pas été une année facile pour les vignerons. Grêle, neige, pluie, le tout accompagné d’un printemps confiné, n’auront pas simplifié la tâche des acteurs du vin des différentes régions viticoles. Retour sur les millésimes 2020 de Bordeaux et de Bourgogne.
Le millésime Bordeaux 2020
Le millésime 2020 de Bordeaux est annoncé comme étant très qualitatif, malgré un début d'année pas évident. Après un hiver doux, des passages de grêle, de pluie et de neige, un printemps confiné et un été très chaud, le climat des premiers jours de septembre ont rattrapé le coup. Ces conditions optimales ont permis de vendanger les raisins des vins rouges à juste maturité. On s’attend donc à un vin coloré avec un bel équilibre tanins, alcool et acidité.
En primeurs, les premières dégustations faisaient écho à un savant mélange entre tannins et fraîcheur.
Le millésime Bourgogne 2020
De même que pour le millésime de Bordeaux, celui de Bourgogne a été réalisé dans des conditions difficiles. Du côté de la Bourgogne, le beau temps s’est étendu du printemps jusqu'au mois de septembre. L’été chaud aura mis en évidence les différences entre les climats et les appellations de Bourgogne. Certains raisins, très ensoleillés, sont victimes de grillures (dessèchement des feuilles). Toutefois, les faibles précipitations de l’été entraînent un état sanitaire très correct des grappes. Le millésime 2020 aura quasi totalement été exempt de maladies.
Cette année, le millésime se démarque par une robe soutenue, très colorée. Les conditions climatiques, riches en ensoleillement et chaleur ont donné des vins à forte concentration avec un fort caractère, gourmands sans pour autant être lourds.
Les meilleurs millésimes
Dans la région du Bordelais ou la Bourgogne, des millésimes sortent forcément leur épingle du jeu. Retour sur les années qui ont marqué les esprits :
Les meilleurs millésimes de Bordeaux
- Les meilleures années des vins rouges : 1982, 1985, 1986, 1990, 1995, 2000, 2005, 2009, 2015 et 2016.
- Les meilleures années vins blancs : 1982, 1986, 1988, 1989, 1990, 1995, 1996 et 2000.
Dans la région du Sauternes, on estime que la grande année récente à retenir est 2010. 2001 est considérée, quant à elle, comme l’année inégalable, remarquable.
Les meilleurs millésimes de Bourgogne
- Les meilleures années des vins rouges : 1945, 1947, 1949, 1953, 1959, 1961, 1966, 1969, 1971, 1976, 1978, 1990, 2005, 2015, 2018 et 2019.
- Les années 1945 et 1949 ont d’ailleurs davantage marqué les esprits.
- Les meilleures années des vins blancs : 1945, 1947, 1949, 1950, 1952, 1955, 1962, 1966, 1969, 1989, 1996, 2003, 2005, 2018 et 2019.
À noter que le millésime 1951 est considéré comme une année médiocre, tant pour les blancs que les rouges.
Que faut-il retenir ?
Les millésimes ne se ressemblent pas et ont une incidence sur la qualité du précieux nectar. Des conditions météorologiques favorables sont déterminantes pour produire un bon vin dans de bonnes quantités. On ne pourrait évoquer ce sujet sans faire un lien vers l'intense épisode de gel qui a paralysé les vignobles des vins de france pendant le mois d’avril 2021. Si tout est lié, cela est encore plus vrai quand il est question de qualité gustative, de potentiel de garde, mais aussi de rareté. Une conséquence qui s’abat directement sur la valeur du vin.
L’avantage, c’est qu’il est désormais possible d’analyser et d'étudier en amont l’influence des terroirs et les résultantes du climat. Sinon, il est encore possible de s’appuyer sur les dégustations en primeurs pour découvrir le millésime encore jeune de l’année passée et laisser les critiques donner leur ressenti sur les cuvées dégustées.